vendredi 8 juin 2007

Une histoire à écrire (2)

Ils étaient là tous les deux à se regarder sans rien dire .Ils étaient là tous les deux à partager le même désir , le même élan de volupté , la même passion dans ce regard qu’ils s’échangeaient avec à l’esprit cette folle envie de se toucher et de se parler. Ces instants sont sublimes , merveilleux , indescriptibles. Il faut les vivre ou les avoir vécus pour en connaître l’intensité, pour en apprécier l’ardeur que l’on met à vouloir n’être que soi ne fusse qu’un instant. Sentir enfin que nous existons bien . Les mots dans ces instants , s’entrechoquent dans notre esprit , s’envolent , et s’éparpillent .On n’arrive pas à les maîtriser , on les égare parce qu’on est perdu . Alors , on les cherche sans jamais les trouver . On cafouille un peu , on est mal à l’aise et paradoxalement on se sent si bien …

On assume beaucoup mieux la douleur que l’extase. La douleur on la sent , on sait pourquoi on a mal et le courage nous envahit mieux .L’extase est euphorique et anesthésiante : elle n’est pas sentie , on la devine simplement nous habiter au fur et à mesure que s’installe en nous ce bien-être qui nous possède et nous enveloppe. Le courage nous abandonne et nous livre à ce brouillard qui nous recouvre pour mieux nous empêcher de pousser ce cri que seule la douleur sait nous arracher. Ces regards échangés entre deux êtres que le hasard de la vie a réunit dans ce décor ahurissant des foules anonymes et silencieuses , sont aussi deux regards perdus dans l’immensité bouleversante du désir .Ce désir qui nous enflamme pour mieux nous consumer .Ce désir qui nous fragilise pour mieux nous dominer, ce désir qui nous envoûte pour mieux tromper notre raison et ainsi asseoir sa domination sur des êtres soumis .Marie , toute heureuse d’avoir décelée dans le regard de Jean-Pierre cette soumission au désir se rapprocha encore davantage de lui et sans perdre de temps elle lui prit la main .Jean-Pierre eût un mouvement de recul vite maîtrisé par la douceur de la main de Marie
Le cœur battant , les lèvres sèches, le regard perdu , il se leva une nouvelle fois et prit place à côté d’un couple de vieux qui somnolait parce que cela faisait longtemps que le désir les a quittés. Il faisait déjà nuit et il faisait encore chaud . Marie, toute confuse s’empara d’une revue oubliée ou abandonnée par un passager qui se tenait juste en face d’eux quelques minutes auparavant et qui faisait mine de lire , les yeux rivés sur la belle poitrine de Marie. Il faut dire qu’elle était si belle ! Tout en feuilletant la revue , elle laissa de temps à autre son regard se perdre dans cette foule à la recherche du regard de celui qui occupait son esprit. Il était toujours là mais debout car il s’apprêtait à descendre au prochain arrêt. Devinant cela , Marie , se leva rapidement et alla au bout de la rame et attendit …Jean-Pierre , jeta un coup d’œil à sa montre et se mit à épier les moindres mouvements de Marie qui paraissait indifférente à ce qui se passait autour d’elle . Jean-Pierre se trouva soudainement tout confus. Il venait de réaliser subitement qu’elle risquait de sortir du métro et disparaître à jamais engloutie par la foule qui envahira les quais. Il paniqua à l’idée de ne plus la revoir et eût la gorge serrée .Il préféra donc s’avancer vers elle et hâtivement lui prit la main et ils sortirent tous les deux en courant vers la sortie en sillonnant les couloirs du métro déjà pleins de monde. Un monde désemparé ,fatigué ,épuisé ,hagard .Qui se souciait de ces deux êtres qui parcourait les quelques mètres qui les séparaient de la sortie ? Qui se rappelait de ces deux inconnus qui la main dans la main montaient les escaliers d’une bouche de métro qu’on a hâte de quitter pour sentir la vie qui se dessine sous un ciel si bleu ,si pur , si beau ? Enfin , libéré , enfin libre de marcher à travers un Paris aux couleurs du printemps naissant….aux couleurs d’un amour naissant…Ils se retrouvèrent ainsi sous l’emprise de la tendresse et la chaleur de ce printemps qui grisait leurs idées et accompagnait leurs pas sur les trottoirs de ce Paris fleuri, de ce Paris en fête ,de ce Paris qu’on voudrait sans métro…Marie , était heureuse de marcher à côté de cet homme qui ne disait rien. Mais qu’avait-il à dire ? Il était aussi heureux qu’elle .Arrivés place de la Nation ,devant le café « le Terminus » Ils décidèrent de s’y attabler et s’offrirent le délicieux plaisir de s’asseoir côte à côte .
A suivre......

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